Estampes Japonaises
Fréquemment assimilée à l’art japonais, l’estampe est avant tout une technique d’impression (le mot estampe vient de l’italien « stampa »qui signifie « imprimer »).
En fait, à l’origine le terme estampe désignait le résultat de l’impression d’une planche gravée, en bois ou en métal. Elle est appellée « originale » lorsque l’artiste réalise lui-même le support (la planche de bois ou de métal). Les reproductions sont appellées estampes d’interprétation.
Hiroshige no Tokaido
Au Japon, l'estampe de genre « ukiyo-e » se développa pendant la période Edo de 1600 à 1868 : il trouve son expression initiale à la fin du XVIe siècle. C'est l'époque où une culture et un art bourgeois émergent comme facteurs déterminants de la civilisation japonaise. Le développement se fait en trois temps : peintures pour un public d'aristocrates, peintures et estampes appréciées par une haute bourgeoisie cultivée et enfin estampes pour un public populaire et urbain.
La station Kanai, Hiroshige
En Europe et au Japon, traditionnellement, l'artiste ne dessinait le plus souvent que la gravure, et la création des planches était confiée à des artisans spécialisés, dont certains pouvaient devenir célèbres. Ces cuivres étaient ensuite laissés entre les mains d'imprimeurs.
Le Mont Fuji par temps clair, Hokusai
Au Japon, la technique des couleurs, appelée nishiki-e, fut utilisée pour des imprimés à partir de 1760 . Le texte était normalement monochrome, tout comme les illustrations de livres, mais la popularité croissante du ukiyo-e créa une demande pour un nombre de couleurs croissant et une plus grande complexité des techniques.
Sumizuri-e (墨摺り絵, « dessins imprimés à l'encre ») - Impression monochrome à l'encre noire.
Benizuri-e (紅摺り絵, « dessins imprimés cramoisis ») - Détails à l'encre rouge ou ajoutés à la main après le processus d'impressions : parfois réalisé en vert.
Tan-e (丹絵) - Détails oranges utilisant un pigment rouge nommé tan.
Aizuri-e (藍摺り絵, « dessins imprimés indigo »), Murasaki-e (紫絵, « Dessins pourpres »), et autres styles où une autre couleur est utilisée avec, et non au lieu de, l'encre noire.
Urushi-e (漆絵) - Une méthode où l'encre est épaissie avec de la colle, et retouchée à l'or, au mica ou d'autres substances. Urushi-e réfère aussi à des peintures utilisant des laques au lieu de peintures. La laque n'était pas utilisée en estampe.
Nishiki-e (錦絵, « dessins de brocade ») - Une méthode impliquant des blocs multiples pour chaque portion de l'image, permettant un grand nombre de couleurs à utiliser pour parvenir à des images infiniment complexes et détaillées. Un bloc séparé est gravé et appliqué seulement à la partie de l'image lui correspondant. Des marques nommées kentō (見当) étaient utilisées pour le positionnement de chaque bloc.
La Carpe d'Hiroshige
Par la suite, la lithographie, puis la sérigraphie, s’ajoutèrent à la gravure en relief ou en creux. On classe aussi comme estampe des pochoirs ou des monotypes et même des reproductions réalisées à partir d'une plaque de verre ou d'un film opaques, gravés manuellement, de telle sorte qu'on peut utiliser ceux-ci comme négatifs photographiques.
Hiroshige
En Chine et au Tibet, les images imprimées se limitèrent aux illustrations accompagnant le texte jusqu'aux temps modernes. Le livre imprimé le plus ancien, le Soutra du Diamant, contient une grande estampe en page de couverture, de même que plusieurs textes bouddhistes. Plus tard, certains artistes chinois notables créèrent des estampes pour les livres, mais les impressions séparées ne se sont pas répandues en Chine en tant que courant artistique.
Kuniyasu